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AALTRA de Benoît DELÉPINE & Gustave KERVERN

AALTRA de Benoît DELÉPINE & Gustave KERVERN

Un road movie en fauteuil roulant drôle et méchant

SYNOSPSYS

Deux voisins en rase campagne, aigris et malheureux, se dérangent et se détestent. À l’issue d’une violente dispute, une benne agricole leur écrase les jambes. Paralysés, ils sortent de l’hôpital en chaises roulantes. Le hasard les réunit sur le quai d’une gare, commence alors une épopée improbable entre obsession pour l’un d’assister aux tournois de Motocross et objectif pour l’autre de réclamer ses indemnités au fabricant agricole en Finlande.

POINT DE VUE

Alors que l’on célèbre souvent le cinéma social, énergique et engagé des Frères Dardenne au Festival de Cannes, il est bon de se pencher sur l’autre cinéma « belge ». Un cinéma moins habitué aux louanges en smoking, mais qui connaît des succès d’initiés, de C’est arrivé près de chez vous, La vie en rose aux Convoyeurs attendent, Strass, Bullhead ou encore Les portes de la gloire.

Noir, social, absurde, à l’humour ravageur, la comédie belge est devenue un genre à part et porte en elle, l’empreinte de l’héritage surréaliste du pays. Aaltra s’inscrit dans cette veine et fait figure d’ovni dans le paysage cinématographique francophone actuel.

Le tandem Benoît Delépine / Gustave Kervern, « Ben & Gus » pour les intimes, est connu du petit écran pour ses innombrables pitreries dans l’émission satirique Grolandsat à laquelle ils ont donné naissance pour Canal +. On se souvient aussi du laborieux passage au grand écran de Benoît Delépine en 1997 lorsqu’il prolongeait au cinéma le succès télévisuel de son personnage de Michael Kael dans Michael Kael contre la World News Company.

Nous étions donc forcément sceptique à l’annonce de sa nouvelle contribution cinématographique. Mais 8 années se sont écoulées, Delépine et Kervern ont rencontré leur parangon en la personne de Maurice Pialat (ils lui rendent hommage dans un sketch de la série Toc, Toc, Toc figurant dans les bonus) qui les a fortement encouragé à passer à la mise en scène.

Détaché de l’esprit potache et de l’humour gras de leurs émissions, le duo de cinéastes en herbe accomplit avec Aaltra une oeuvre maîtrisée, avec des partis pris esthétiques exigeants. Choisir un noir et blanc granuleux, un format d’image en cinémascope (les comédies sont plus souvent tournées en 1,85 mettant l’acteur au centre de l’image), très peu de dialogues et une durée de plans digne d’un grand cinéaste suédois, a tout pour rebuter l’amateur de comédies. Bref, un road-movie en chaise roulante mais avec les codes d’un vieux film Western.

Aaltra est un film noir qui désamorçe la déprime générale avec une ribambelle de gags purement cinématographiques, où c’est tour à tour un effet visuel puis sonore qui fait éclater de rire. S’inscrivant dans la lenteur, leurs inventions burlesques lorgnent plus du côté de Jacques Tati que des jackasseries d’un Michael Youn ou d’un Kev Adams.

Gentiment anti-bourgeois et anarcho-libertaire, les 2 compères se moquent allègrement de ces petites vies coincées entre le frigidaire et la caravane qu’ils rencontrent au cours de leur périple. Même si leur propre destinée n’est pas forcément plus glorieuse, elle a la beauté de se faire en marge de la société.

Aaltra est avant tout un film sur l’amitié virile

Parce que dans le film, tous les chemins mènent à Aki Kaurismäki. Le rendez-vous avec le grand cinéaste finlandais est finalement le but de ce voyage. Les 2 réalisateurs reconnaissent même qu’ils ont d’abord fait ce film pour le rencontrer.b Parce que « altra » veut dire l’autre et que la route va finalement réunir ces deux voisins que tout oppose. À demi-mots, à contre-courant.

Enfin, parce que Aaltra est un film de potes et qu’on y croise ce qui ce fait de mieux en esprits loufoques franco-belge d’aujourd’hui: de l’entartreur Noël Godin au trublion catodique Pierre Carles, de l’auteur de La vie sexuelle des belges, Jan Bucquoy aux désopilants acteurs belges, Benoît Poelvoorde et Bouli Lanners.

FICHE TECHNIQUE

Prix de la Critique internationale à Londres (UK)
Prix du public en Transylvanie (Roumanie)
Double prix d’interprétation masculine à Puchon (Corée)

Réalisation : Benoît Delépine & Gustave Kervern
Avec : Benoît Delépine et Gustave Kervern.
Et (par ordre alphabétique): Jan Bucquoy, Pierre Carles, Michel De Gavre, Robert De Houx, Isabelle Delépine, Jason Flemyng, Noël Godin, Christine Grulois, Aki Kaurismaki, Bouli Lanners, Vincent Patar, Benoît Poelvoorde, Christophe Salengro, Vincent Tavier.
Production : Vincent Tavier, Guillaume Malandrin, Adriana Piasek-wanski
Régie : Laurent Galvez, Pauliina Ståhlberg, Juha Ståhlberg
Image : Hugues Poulain, Jackson Elizondo
Son : Guillaume Le Braz, Laurent Cercleux
Décoration / costume : Isabelle Girard
Montage : Anne-Laure Guégan
Mixage : Guillaume Le braz
Distributeur : Ad Vitam

A propos de l'auteur

urmila

Bonjour, je m'appelle Urmila et j'ai créé ce blog pour vous partager tout un tas d'articles sur mes passions et occupations. J''adore écrire, voyager et me promener. Welcome sur travelblog.

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